Carnet de route

Alpinisme autour d'Aussois

Sortie :  Alpinisme du 26/06/2021

Le 26/06/2021 par Bruno Cobus

Ce samedi 26 juin se déroulaient les 1ers Jeux cafisto-alpinistiques dans le grand stade du Fond d'Aussois, réunissant trois des meilleures cordées de Terra Modana. L'Onera présentait à cette épreuve mythique deux jeunes loups, Simon et Marlon, jeunes cadres dynamiques aux ambitions non dissimulées, et confiait en la personne de Célia un élixir de jouvence aussi sympathique que motivé au guide du groupe. Quant à la 3ème cordée, elle liait (pour la journée) Marie Noëlle au sympathique aspirant guide Thomas qui, derrière un flegme apparent, ne pouvait dissimuler une farouche volonté de l'emporter...

 

          Après moultes tergiversations dues aux aléas météos et autres refuges saturés, le comité d'organisation, chapeauté par l'indétrônable Fabienne, avait jeté son dévolu sur l'arête de la Sétéria à la Pointe de l'Echelle, un bel itinéraire qui allait devenir le théâtre d'une lutte acharnée entre des cordées prêtes à en découdre. Quant à Fabienne, blessée suite à une chute tragique dans la face nord de son escabeau, elle se résignait, à endosser la mission du suivi média via WhatsApp…

 

          Dès le début de l'épreuve, le ton était donné… Après un échauffement bon enfant le long du lac, les 3 équipes affrontaient les pentes surplombant la passerelle à l'entrée du parc de la Vanoise. Conjugué avec une reprise intense de la végétation, le ruissellement intense dû à la fonte des neiges avait effacé toute trace du sentier… C'est donc un combat acharné dans une véritable forêt tropicale que menèrent les alpinistes, cherchant désespérément à trouver le meilleur itinéraire entre flots tumultueux et massifs de rhododendrons impénétrables. L'accès aux pelouses alpines offrit ensuite un terrain plus « roulant » où chaque équipe put enfin exprimer son potentiel et ressentir la griserie de la vitesse après la progression laborieuse dans la jungle alpine. C'est à ce moment-là que survint la première péripétie de la journée. L'écart se creusa entre deux des cordées qui profitèrent d'un arrêt brutal de l'équipe Simon/Marlon. Interpellés par l'hélicoptère du PGHM, ils durent en effet subir un test antidrogue ; les gendarmes, constatant qu'un des alpinistes portait des skis, soupçonnaient en effet une consommation de substances illicites… Mais pas de ça à l'Onera ! Ces jeunes éphèbes n'ont pour seule nourriture que le vent des cimes et une soif d'aventure qui leur fait déplacer les montagnes !

 

          Au départ de l'arête, le groupe s'était réuni au pied des difficultés. Chacun s'équipait alors dans un profond silence, seulement troublé par le mugissement des torrents… Les gestes se firent précis, la concentration maximale. Le désir de vaincre se doublait d'une volonté plus forte encore : survivre à cette muraille, atteindre vivant la cime qui, 300m plus haut, toisait fièrement ces frêles humains noyés dans un océan minéral… Après quelques conseils techniques donnés par les deux guides, le départ était donné : à partir de ce moment-là, ce devait être chacun pour soi !

 

          Tandis que la dream team de l'Onera s'envolait littéralement vers le sommet, talonnée par la cordée de Célia, un cri déchira l'air cristallin… Marie Noëlle, enseignante dans l'âme et dont la passion de gymnaste est chevillée au corps, n'avait pas pu s'empêcher de faire à son coéquipier une démonstration de salto arrière… La compétition prit alors une étrange tournure… Tel un équipage du Vendée globe se détournant pour porter secours à un compagnon dans les 40èmes rugissants, la cordée de Célia vint aux nouvelles de l'infortunée qui se remettait de ses émotions, tandis que les petits jeunes patientaient au sommet d'un ressaut dont la désescalade eut été trop risquée… Marie Noëlle déployant des trésors de combativité pour surmonter son émotion, se remit bientôt vaillamment en marche ! La course était relancée !! Quel bel esprit de fraternité !

 

          Le groupe repartit à l'assaut de l'arête, choisissant son itinéraire en fonction de l'envie, dédaignant les passages trop faciles pour profiter au mieux des quelques jolis murs plus raides qui offraient une jolie escalade peu exigeante mais à protéger soi-même. Célia, tout feu tout flamme, finit même par organiser un putsch au sein de sa cordée dont elle prit efficacement la tête.  Au sommet d'un gendarme, que son collègue Thomas salua avec le respect dû à sa fonction, un relais permit au groupe de se laisser glisser sur une large vire. Une dernière section, où l'on rechercha encore quelques jolis passages d'escalade, mena au sommet de l'arête. Tandis Que Célia et Bruno se dressaient au sommet, ivres de bonheur, bientôt rejoints par Marie et Thomas, Simon et Marlon arrivèrent bon derniers au sommet… Bon, il faut admettre qu'ils avaient reçu la délicate mission de désescalader le gendarme, fourbe tactique élaborée par le guide qui lui avait permis de creuser l’écart avec ses concurrents. Mais point d’aigreur chez les malheureux perdants, qui avaient depuis longtemps vu s'envoler ces désirs futiles de compétition, décidément incompatible avec la montagne. Et c'est la joie d'être ensemble, « entre ciel et terre « (comme dirait Gaston), que nos « conquérants de l'inutile » (comme dirait Lionel) qui domina lors d'une pause casse-croûte bien méritée (la dream team, se contentant de quelques fruits secs, ayant préféré, funeste erreur, porter des skis plutôt qu'un sandwich). Une décontraction toute relative, un message de la présidente rappelant à l'ordre le groupe : « je vous vois ! ». Il est vrai que la plupart des accidents arrivent à la descente, et une petite zipette dans la première pente de neige rappela le groupe à la prudence.  Une main courante fut déposée, le gendarme du groupe ayant préféré cette solution plutôt que de porter plainte, la pauvre pente de neige n'ayant quand même pas mérité ça… Et bientôt, la joyeuse équipe se laissait glisser sur les névés, tandis que Brandon dévoilait toute sa maestria en « ridant » brillamment en snowblade et chaussures de marche la combe encore emplie de neige.

Une arrivée groupée, loin de tout esprit de compétition, vint clore cette descente sans histoire, écrivant un épilogue heureux à cette épreuve sportive qui s'était transformée en moment d'amitié et de partage. Qui en appelle d'autres….







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