Carnet de route

Le Grand Chatelard

Le 13/02/2022 par Nicolas Jacquier

Dimanche 13 février, grand beau temps sur la Savoie, pas de vent annoncé, il n'y a pas à hésiter !
Objectif : escalader la voie "L'émigré d'au-delà de la conduite forcée" au Grand Châtelard à Aussois.
4 longueurs cotées 5c dans un secteur bien ensoleillé, que nous atteindrons en raquette, cordes aux sacs.

À 9 heures, Aurélia et moi sommes au pied du télésiège "Le Grand Jeu" à Aussois, alors que les skieurs commencent
à affluer. Un vent glacial souffle sur le télésiège, mais arrivés à l'Armoise, c'est le calme plat, heureusement.
Petit pépin électrique sur ce dernier : nous patientons avec discipline jusqu'à la réparation, de sorte que vers 10 h
nous attaquons la marche d'approche.

Peu de monde là-haut, les quelques skieurs matinaux semblent déconcertés de croiser des grimpeurs.
Nous progressons à bon rythme par la piste de ski puis à travers le vallon jusqu'au pied
du Grand Châtelard, atteint vers 11h. Notre voie est bien sur la droite; le rocher est superbe, de couleurs
jaune, grise et orange, bien chaud sous les doigts. Nous nous équipons, ne prenant qu'un petit sac, car nous comptons
descendre en rappel.

Sans plus attendre Aurélia entame l'ascension, par un début assez raide, mais avec de bonnes prises de main et
de pieds. Le premier relai est à côté d'un immense toit magnifique. Deuxième longueur un peu plus courte, la hauteur
commence à être bien visible, mais l'équipement est très rapproché, on ne court aucun risque. Troisième longueur pas
évidente, quelques pas délicats, mais aucun problème sérieux, rien qui puisse nous arrêter !

Nous n'entendons plus que les glissades de quelques skieurs au loin, le passage de deux skieurs de randonnées à un moment,
au pied du rocher, et des oiseaux de montagne qui volent aux alentours avec grâce, réalisant en quelques secondes ce qui nous
prendra la journée. L'assurage est confortable, sur de petites plates-formes et des chaînes solides, tout comme le rocher,
pas du tout patiné. Vraie ambiance "montagne" : la vue commence à être fabuleuse, la civilisation semble lointaine, il faut
chercher ses prises et on a parfois un peu de vide sous les pieds.

La quatrième longueur est un dièdre exceptionnel, sur une vingtaine de mètres, qui demande un peu d'engagement, mais les mains
et les pieds (bien dans le vide) sont très bons : un vrai bonheur ! Nous voici arrivés, à 13:20, à notre objectif, le dernier relais
avant des gradins qui permettraient d'atteindre le sommet. Deux heures d'ascension pas anodines, mais toujours très plaisaintes !
À presque 2 800 m, le panorama offre un aperçu des Hautes-Alpes... sous une mer de nuages ! Mais en émergent la Barre des Ecrins,
le Mont Pelvoux, L'Ailefroide Occidentale... - toutes à couper le souffle. Plus proche de nous, sous un ciel parfaitement bleu,
la Pointe de l'Echelle, en face l'Aiguille de Scolette et de denses successions de sommets, dont on ne se lasse pas.

Mais le temps passe et il faut déjà redescendre ! Aurélia installe le relais, et c'est parti. Au relais d'en-dessous, la corde a
du mal à passer, nous devons tirer fort; quelque chose la retient (sans la bloquer heureusement), mais impossible de deviner quoi :
un rocher, un bout de glace, la chaîne ? Elle finit pas tomber cependant, et nous pouvons continuer. Par sécurité nous posons un maillon
rapide sur le relai, ainsi que le suivant, pour être certain que la corde passe bien. La corde à double de 50 m est suffisante pour sauter le
premier relai, si bien que nous voici déjà au sol !

Vers 14:15, début du retour : la neige est encore assez solide, c'est un peu raide pour les raquettes, mais une fois au pied du télésiège
de la Fournache, il suffit de prendre la route, bien plate, qui mène jusqu'au Djoin. Puis de descendre via la piste, en essayant de se réhabituer
à la foule ! Quelle tranquillité il y avait à peine plus haut ! Arrivée vers 15:40 au Montana, 1h avant la fermeture du télésiège du Grand Jeu.

Petit remontant bien mérité au troquet, où nous retrouvons des connaissances - mais nous sommes toujours les seuls grimpeurs des environs !

Une belle expérience à renouveler !

Nicolas